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Le beau clientélisme de nos élus des cocotiers

 



"Le clientélisme est un rapport entre des individus de statuts économiques et sociaux inégaux (le « patron » et ses « clients »), reposant sur des échanges réciproques de biens et de services et s'établissant sur la base d'un lien personnel habituellement perçu dans les termes de l'obligation morale. Envisagé de cette manière, il s'agit d'un phénomène attesté dans des contextes sociaux très divers. Dans la Rome antique, les patriciens entretenaient une vaste clientèle d'affidés à laquelle, en contrepartie de son allégeance et de son soutien politique, ils apportaient leur protection économique et prodiguaient leurs largesses (Paul Veyne). À l'époque féodale, la relation unissant un vassal à son seigneur supposait des engagements de nature privée impliquant la fidélité et l'assistance mutuelles (Marc Bloch). Dans la plupart des sociétés traditionnelles, les détenteurs de l'autorité se devaient de justifier leur pouvoir et leur prestige en distribuant une partie de leurs richesses à leurs subordonnés, sous la forme de dons, de prébendes ou d'assistance.

Les liens de clientèle n'ont pas disparu, loin s'en faut, avec la constitution des États modernes puis leur démocratisation durant le XIX ème siècle."


Et j'ajouterai à cette définition de Universalis que pour le clientélisme, tout va pour le mieux dans notre bonne république bananière et qu'on a remplacé notamment les feuilles de tôle par des promesses d'emploi et de jolis voyages outre-Réunion, entre autres.

Cette définition du clientélisme me convient jusqu'à me ravir; mais ce n'est apparemment pas celle du juge qui a condamné Thierry Robert pour diffamation ni celle du bien obscur Philippe Leclaire qui, avec le concours de Tilier, le titilleur du JIR, caresse, dans le sens du poil, son patron, Didier Robert. A propos, pourquoi tant d'insistance à bénir l'un et à maudire l'autre ? A chacun de porter son jugement personnel sur cette étrange insistance.

A vrai dire, les élus de haut rang, sous nos cocotiers, ont presque tous des clients qu'ils savent récompenser discrètement, presque en misouk. Thierry Robert est, me semble-t-il, un arroseur qui s'arrose lui-même : on sait bien souvent rendre un service par un petit bienfait. Dame Charité oblige. Ainsi on peut bénéficier d'un petit voyage gratuit avec d'autres dalons pour aller loin des murs de La Réunion. Air France et Air Austral rendent de grands services à la clientèle de nos patrons locaux.

Qu'on se souvienne ! Du temps béni de Roland Robert, on partait en grand nombre à Madagascar avec un billet collectif, sans les noms des clients. La CRC de La Réunion s'est fâchée tout rouge, et Roland Robert a cessé de verser de belles subventions à l'association qui couvrait malicieusement l'affaire. Et la malicieuse association s'est éteinte tout doucement par asphyxie financière. L'ex maire de Trois-Bassins a eu moins de chance; pour le même délit, il a été condamné et il a perdu son mandat de maire. Il est vrai, il n'y avait pas à courir à Madagascar pour un éventuel supplément d'enquête. L'ex maire de Trois-Bassins  a tout dévoilé à deux pas du tribunal.

Récemment, on est allé chercher un bel avion aux USA : ont fait partie du voyage l'équipage, bien sûr, mais aussi quelques dalons et des journalistes triés sur le volet. Remplir le nouvel avion ou laisser des places libres, c'est le même prix pour le contribuable; mais le prix s'envole outrageusement à très basse altitude, sur le plancher des vaches, quand il faut aller au restaurant et à l'hôtel. N'y avait-il pas dans ce bel avion des clients qui ont caché leur nom ?  A chacun, là aussi, de se faire son idée. Ce n'est pas interdit par la loi de laisser planer ses incertitudes ! 

Pour l'instant Thierry Robert dispose toujours d'un casier judiciaire vierge. Le juge aura-t-il l'audace de porter la mention infamante ? L'avenir le dira.
 

Gérard Jeanneau
Gières, le 13 mai 2017


P. S. - Au cas où Thierry Robert verrait la mention infamante sur son casier judiciaire, il pourrait frapper à la porte du tribunal européen. Là-bas, loin des cocotiers, on se permet souvent de rectifier le tir au profit de celui qu'on avait pris malencontreusement pour un pendard. Là-bas, si loin, la planète Terre donne l'impression de tourner autrement, plus judicieusement.