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La pénéloperie à La Réunion



Pénélope, du temps d'Homère, tissait le jour et détissait la nuit en attendant le retour de son mari Ulysse. C'était pour tromper son ennui et faire patienter ses prétendants. La Pénélope des temps modernes - élu masculin ou féminin  - engrange de son  mieux mandat sur mandat, et les indemnités pleuvent de toutes parts si bien que la Pénélope de Fillon fait presque figure de pauvresse.

Dans le pigeonnier de Didier Robert, président de la région Réunion, les pigeons-pénélope roucoulent à l'envi : ils perçoivent mensuellement plus que la pauvresse, et ils ont en plus  divers avantages, voiture de fonction, voyages en Métropole, banquet par ci, banquet par là. Bref ! tout ce qu'il faut pour roucouler. Et pour mieux roucouler, il n'est pas interdit d'aller faire son marché à Paris et même, par la même occasion, d'aller honorer son tantine que l'on cache dans l'autre hémisphère. L'avion d'Air Austral ne demande qu'à voler à leur secours. On ne va pas tout de même compter les heures comme on l'a fait pour la pauvresse. Que l'on cesse enfin d'être mesquin ! 

Et on doit être vraiment bien dans le pigeonnier de Didier Robert; qui attire les meilleurs pigeons des cocotiers. Ainsi, dame Dindar, présidente du département Réunion, va de son perchoir au perchoir de Didier. Et le sénateur-maire de Saint-Pierre a, lui aussi, son perchoir. Il sautille partout ! Attention ! Qu'il ne laisse pas tomber sur votre tête un petit souvenir. François Hollande en a fait l'amère expérience !

Au temps du pigeonnier de Paul Vergès, malheureux prédécesseur de Didier Robert, il y avait aussi de beaux pigeons-pénélope. Dame Gaud était de tous les voyages; elle allait urbi et orbi, pour soigner son monde ou le sortir de la torpeur. Elle ne ratait rien. Et le fils de son illustre papa, Pierre Vergès, à qui on a demandé un jour comment il faisait pour honorer tous ses mandats, le simplet a répondu tout simplement : "Je délègue, et tout va bien". Effectivement, de bons fonctionnaires font tout le travail. Il n'y a plus qu'à venir signer après lecture attentive ! La Pénélope de Fillon aurait été heureuse si elle eût pu roucouler de même. Mais elle était, elle, au four et au moulin. Elle faisait tout ! 

Si on a tant de déboires avec cette Pénélope, c'est qu'un vilain canard, qui, bien sûr, passe par nature une partie de son temps à déféquer, a été téléguidé par un organisme de gauche et qu' il a envoyé un gros rapace, un condor bien éveillé sur elle, un pauvre petit rapace presque squelettique. Pourquoi donc s'abattre sur un rapace aussi maigrichon alors qu'il y a partout, en terre gauloise et sous les cocotiers, des rapaces bien emplumés et bien dodus ? J'y perds mon latin ! 

En tout cas, on ne peut plus compter que sur Emmanuel Macron pour la présidentielle. Il est le seul capable de nous débarrasser de la pénéloperie, cette malicieuse saloperie qui trouve grâce auprès de trop d'élus rapaces. Un élu, une seule indemnité : voilà ce que je lui conseille d'appliquer. Et je le vois seul capable aussi de nettoyer les écuries d'Augias, les assemblées de nos parlementaires. Il va embellir Dame France et lui ôter enfin ses oripeaux.

Gérard Jeanneau
Gières, le 8 février 2017.


P. S.  Je dois rectifier le tir ! Aux dernières nouvelles, le pédalo recyclé d'Emmanuel Macron a pris en charge de beaux spécimens socialistes à la recherche d'une embarcation de secours. Trop, c'est trop. Et l'un d'eux est très attaché aux cumuls des mandats, le sénateur-maire de Lyon, qui oublie volontiers de faire des vistes au Palais du Luxembourg. Le programme d'En Marche en porte la marque : il y aura  moins de députés mais autant de sénateurs ! Emmanuel Macron nettoie les écuries d'Augias, bien timidement. Il a les pieds et poings liés. Le changement, ce n'est pas pour maintenant.